Origine et histoire de la Collégiale Saint-André
La collégiale Saint‑André, dédiée à saint André, se situe place Saint‑André à Grenoble, en face de l'ancien palais du Parlement du Dauphiné. Fondée au XIIIe siècle par le Dauphin Guigues VI André, elle est liée à la création d'un chapitre de chanoines en 1226 et au lancement de la construction en 1228. Construite en briques pour des raisons d'économie et de rapidité, l'édifice fut achevé vers la fin du siècle avec l'édification du clocher. Destinée à être la chapelle privée et la nécropole dynastique des Dauphins, son édification fut financée par les revenus des mines d'argent de Brandes‑en‑Oisans. L'église, de plan en croix latine, présente une nef unique, un transept saillant portant le clocher et un chœur à chevet plat, associant des caractères du roman tardif et du gothique primitif. Ce parti — nef unique, transept bas, chevet carré et emploi de la brique — illustre une mode architecturale spécifiquement dauphinoise des XIIIe‑XIVe siècles. Le portail nord, déplacé et enrichi d'un décor gothique flamboyant au XVe siècle, conserve des éléments anciens (linteau, voussures, piédroits) couverts d'une polychromie du XIVe siècle. Le portail sud, ancien accès au cloître aujourd'hui disparu, porte un tympan en bas‑relief représentant les anges de la Mer et de la Terre encensant une croix, tandis que le portail occidental montre saint Jean‑Baptiste accompagné de l'ange crucifère ; le caractère archaïque de certaines sculptures suggère un possible remploi depuis l'ancienne église Saint‑Jean‑Baptiste démolie en 1562. Un escalier hélicoïdal à noyau creux, logé dans un angle de la chapelle Notre‑Dame‑de‑la‑Consolation, dessert des salles et des tribunes au‑dessus des chapelles et du porche. Les décors intérieurs et extérieurs, de style gothique, coexistent avec des aménagements remaniés aux XVIIe et XVIIIe siècles. La sacristie, bâtie au XIIIe siècle, était destinée à abriter les archives des Dauphins et les regalia. Le clocher en tuf, appuyé sur le bras sud du transept, comprend une tour qui renferme une salle voûtée sur croisée d'ogives. En 1562, la collégiale fut pillée par les troupes du baron des Adrets, qui détruisirent le décor sculpté et les tombeaux des Dauphins. Le chapitre, composé de treize chanoines dirigés par un prévôt, fut supprimé pendant la Révolution en 1790 et les chanoines dispersés ; l'église fut rendue au culte en 1802. La collégiale a continué d'accueillir des événements religieux et politiques : prédications, conversions, visites royales, et elle a vu passer des personnalités telles que saint François de Sales et le jeune Stendhal. Le tombeau du chevalier Pierre Terrail de Bayard a été installé dans le transept nord au début du XIXe siècle, et des reliques de sainte Philippine Duchesne se trouvent dans le transept sud. Le cloître méridional fut démoli vers 1860 et, à la fin du XIXe siècle, des vitraux furent commandés au maître verrier Lucien Bégule. L'orgue est attesté dès 1439 ; son buffet actuel date du début du XVIIIe siècle et l'instrument a subi des modifications aux XVIIIe et XXe siècles. Le clocher, élément emblématique de Grenoble visible depuis le massif de Belledonne, abrite un carillon et des cloches de différentes époques. Malgré mutilations et transformations, la collégiale Saint‑André reste un témoin majeur de l'architecture et de l'histoire religieuse et politique du Dauphiné, protégée au titre des monuments historiques depuis 2010.